Yamada Masahiro enseigne la sociologie à l’université Chûô. / Yamada Masahiro “Certains étudiants n’ont même pas la possibilité de retourner dans leur famille. Certains d’entre eux n’ont pas d’ordinateur, ils ne peuvent donc suivre des cours en ligne que par le biais de leur smartphone. Une de mes étudiantes m’a dit qu’elle pouvait payer les frais de scolarité parce qu’elle avait économisé suffisamment d’argent, mais que si elle suivait les cours en ligne depuis chez elle, tout le monde verrait où et comment vit sa famille. Elle a une certaine image publique, et elle ne veut pas partager l’environnement dans lequel elle vit. L’implication dans son raisonnement est qu’elle a cultivé un look de classe moyenne - dans sa façon de s’habiller, etc. - et qu’elle a peur de montrer la réalité de son quotidien. Elle a donc fini par emménager chez une amie, et tant qu’elles n’auront pas de cours en même temps, tout ira bien.”Professeur de sociologie à l'université de Chûô, Yamada Masahiro est l’un des chercheurs les plus influents. Certaines des expressions qu'il a forgées, comme parasaito shinguru [célibataire parasite] et konkatsu [recherche d’un partenaire conjugal], sont entrées dans le vocabulaire général. Il est spécialisé dans les questions familiales et de genre.Selon lui, l’un des aspects les plus intéressants de la crise sanitaire actuelle est qu’elle a poussé les gens à adopter de nouveaux modes de vie. “Au Japon, comme vous le savez, le télétravail n’est pas vraiment une option car de nombreuses entreprises n’y sont pas habituées”,...