À l’époque, boire était synonyme de se libérer du stress au travail, donc une activité forcément masculine. Boire du nihonshu n’avait rien à voir avec l’idée de le “déguster”. On disait aussi que les vrais amateurs de saké le buvaient avec du sel pour tout accompagnement… Dans O-sake no jikan, Kanki Kanako propose différents mariages entre mets et sakés, afin que les femmes puissent trouver les nihonshu qui leur plaisent, et qu’ils soient “dégustés” avec une expression du goût. Depuis une vingtaine d’années maintenant, elle continue d’éditer des magazines et d’écrire des articles sur les goûts, notamment ceux du saké. Elle déclare que cette conscience portée vers “l’extérieur” du milieu du saké, l’attention portée à ceux qui ne connaissent pas forcément ce monde est aussi flagrante chez les jeunes producteurs, comme en témoigne l’évolution des étiquettes. Ces dernières, dont certaines font penser aux vins naturels ou à ceux de la même génération, sont en soi porteuses du message qu’ils partagent une philosophie proche. Mais l’éditrice remarque également que cette jeune génération fait des efforts pour que la philosophie, les méthodes ou le goût soient exprimés avec des mots. Elle note que le souci de transmettre un message est bien visible, surtout chez ceux qui font des recherches novatrices, ou sont en quête de sakés naturels. En plus des indications obligatoires, l’étiquette est aussi devenue leur terrain d’expression. Kanki Kanako affirme que l’arôme en ce moment apprécié par les jeunes amateurs de saké rappelle celui du yaourt ou du vin rouge, du...