Grâce à l’engagement de citoyens, une poissonnerie a pu être créée dans un quartier en perte de vitesse.
Au Japon comme ailleurs, le commerce de proximité est rapidement remplacé par les grandes chaînes de supermarché et les achats en ligne. Les quartiers jadis animés affichent maintenant pour la plupart des rangées de magasins fermés définitivement ; ils deviennent ce qu’on appelle en japonais shattâ shôtengai (quartier commerçant aux rideaux fermés). Mais cela ne veut pas dire que tous les petits commerçants ont baissé les bras. Une nouvelle initiative a vu le jour il y a cinq ans ; l’ouverture d’une poissonnerie associative à Kamakura, en collaboration avec les pêcheurs de la ville d’Akune, à Kagoshima.
Tout a commencé grâce aux habitants du quartier d’Imaizumi qui se trouve en haut d’une colline où un grand nombre de personnes âgées habitent et où tous les magasins ferment les uns après les autres. Face à cette difficulté, une vingtaine d’habitants ont eu l’idée de monter une structure spécifique pour régler ce problème et pour créer un lieu d’échange.
Ils ont d’abord organisé des événements en collaboration avec les pêcheurs artisanaux d’Akune. Suite au succès des ventes de poissons, ils ont décidé de s’installer de façon permanente, et ont lancé un projet de financement participatif pour ouvrir une poissonnerie dans un quartier commerçant déserté.
Ainsi, la poissonnerie Sakanaya Marukama est née cette année en avril. Les poissons arrivent tous les jours par avion et sont d’une telle fraîcheur qu’on peut déguster cru. Les poissonniers peuvent, à la demande, les préparer en sashimi ; et des plats cuisinés sont aussi disponibles comme chez les poissonniers d’autrefois, afin que les clients puissent découvrir une multitude de façons de manger du poisson. On y trouve également les autres nombreux produits de la mer de Kamakura.
Autrefois, les commerces de proximité étaient tenus par des professionnels du métier : les libraires, les disquaires, et les maraîchers étaient également conseillers en matière de livres, de musique, et de fruits et légumes. Ici aussi, les employés peuvent donner des conseils aux clients (comment préparer le poisson sans faire de gâchis, des recettes simples, etc). Au-delà d’un simple lieu de vente, la poissonnerie accueille aussi des stages de lycéens de la ville d’Akune, propose des cours de cuisine et organise des ventes occasionnelles dans d’autres quartiers. Et de fait, la poissonnerie est devenue un lieu où se rassemblent les clients de tous les profils (jeune maman avec enfants, personnes âgées, personnes d’autre quartier…).
Depuis, dans la même rue, d’autres commerces sont apparus : un café artisanal, une petite boutique de l’art de la table et une boutique de taiyaki, gaufre en forme de poisson, fait à la minute.
Ce qui est réjouissant, c’est de savoir que ce type d’initiative ne reste pas qu’une idée abstraite mais devient un projet réalisable, réaliste et réalisé. Tandis que tous les ans, environ cent poissonneries ferment au Japon, Sakanaya
Marukama est un exemple de projet social design porteur d’espoir où les deux acteurs principaux, la ville de Kamakura et des pêcheurs d’Akune, travaillent ensemble pour apporter une solution à tout le monde.
Sekiguchi Ryôko